Intervention de Philippe VERDIER
dans Green Business sur BFM la radio de l'éco
samedi 30 novembre à 15 heures
1- La conférence sur le climat commence lundi à Poznan. Les négociations vont
durer deux semaines. Poznan est-ce une conférence de plus sur le changement
climatique ? Dans quel contexte ce rendez-vous s’inscrit-il ?
Oui,
le changement climatique, la réduction du CO2, nous en entendons parler tous
les jours. Les décisions politiques sont prises à différentes échelles et de
manière concomitante parfois avec des tensions, des critiques mais l’objectif commun reste unique.
Les
experts du climat du GIEC ont démontré que nous devions réduire d’au moins 80%
nos émissions de Gaz à Effet de Serre sinon la planète se réchauffera d’une
manière irréversible et incontrôlée.
Le protocole de Kyoto expire en 2012. Une nouvelle feuille de route doit être conclue., il Les analystes estiment qu’il faudra au moins deux ans pour que l’économie mondiale s’adapte aux nouvelles contraintes. Il faudrait donc idéalement disposer d’un nouveau protocole au plus tard à la conférence de Copenhague l’an prochain. Poznan servira surtout à préparer les bases.
2-Le
calendrier électoral américain n’y est pas étranger ?
Face
aux enjeux environnementaux graves, ce processus est celui des négociations
internationales donc le changement de gouvernement américain redistribue les
cartes. Les Etats-Unis sont désormais le second émetteur de C02 derrière la
Chine. L’administration du président Obama prendra ses fonctions le 20 janvier.
Ce n’est qu’à partir de ce moment que la position américaine sera dévoilée et que
l’architecture du protocole pourra être dessiné. Obama a promis dans son
« Green New Deal » de réduire les émissions de CO2 de 80% à
l’horizon 2050, de déployer des investissements sur les énergies
renouvelables.
3- Le paquet climat de l’Europe qui est chahuté
par la Pologne et l’Italie prévoit aussi une baisse des émissions de C02 de 80%
en 2050. 40 ans pour revoir notre manière d’agir et de consommer, le
chronomètre est déclenché ?
Et
c’est bien là, la première inquiétude. Les scientifiques les premiers ne
maîtrisent pas précisément le calendrier du réchauffement climatique. Son
éventail de catastrophes est vaste : réfugiés climatiques, augmentation du
niveau des océans, renforcement des phénomènes météorologiques extrêmes.
Geneviève
Ferrone, responsable du Développement Durable chez Véolia le répète dans son
livre « 2030 le Krach écologique », la ressource principale dont
manque l’humanité aujourd’hui ce n’est ni le pétrole, ni l’eau, c’est le temps.
4
-Revenons à Poznan, comment se déroule un conférence sur le climat des Nations
Unies, vous avez vu les coulisses à Bali, l’année dernière ?
C’est
en fait tout le protocole d’une négociation internationale. L’an dernier à Bali
cela correspondait à la venue de 10000
participants (par avion). Des salles de négociations où la climatisation
tournait à fond. Les participants s’enrhumaient. Je suis ressorti de la salle
de presse avec 3 kg de dossier en papier non recyclé. J’arrête pour les bilan
écologique ! Si la forme ni était pas, le fond est important. L’enjeu de
la conférence c’est le consensus pour
limiter mondialement les émissions. Autant par une réglementations assez
flexibles pour les industries polluantes, et des actions de préservation de la forêt,
la protections des écosystèmes…
Les
négociateurs accumulent les nuits blanches et avouent que les détails de la
négociations s’arrachent à l’usure. Yvo de Boer, le Maître de Cérémonie s’était
lui même effondré en larmes quelques jours avant la fin des négociations de
Bali.
5-
Beaucoup de scientifiques, beaucoup de politiques, est ce aussi l’occasion de
faire du business ?
Bien
sur ce genre de rendez-vous est le lieu où il faut se montrer pour s’informer
sur les nouveaux cadres mais c’est là aussi que d’autres font du lobbying. Exemple :
pour ce qui concerne les Mécanismes de Développements Propres. Ce systeme qui permet à l’entreprise d’un pays avancé, de
compenser
ses émissions par des actions dans des pays en développement. La chine et le
Brésil en ont largement bénéficié. Si le cadre change et qu’un pays comme la
Chine est lui aussi soumis à des quotas, certaines actions seront moins
rentables pour certains.
6
- Le spectre de la récession de 2009, n’est il pas en train de porter un coût
aux actions sur le climat ;
Oui
parce que dans le schéma actuel. Quand un industriel produit, il émet du C02.
Lord
Nicholas Stern qui était à Paris lundi dernier précise bien dans ses
travaux :
Il
n’est pas nécessaire que les actions sur le Changement Climatique imposent une
limite aux aspirations de croissance.
En
revanche, moins investir sur les solutions vertes risque de nous entraîner à
long terme sur une crise beaucoup plus grave que celle d’aujourd’hui. Nicholas
Stern estime à 5 à 20% du PIB Mondial, le coût de l’inaction face aux
changements climatiques.
8-
Baisse des émissions de C02 et baisse aussi du cours du C02 sur les marchés
d’échanges voulus par Kyoto.
En
Septembre, lorsque les bourses se sont affolés, le cours du CO2 est resté
stable, le volume d’échanges progressait. Bluenext était fier de passer le cap
des deux millions de tonnes échangées par jour. Mais ce cours accuse aussi une
baisse d’au moins 30% du fait de la baisse de la demande.
9-
Est ce que ces marchés peuvent réguler le système.
C’est tout le débat lancé par dont Aurélien Bernier auteur de l’essai « Le climat otage de la finance (Mille et unes nuit) où l’auteur dénonce le caractère parfois spéculatif de ces marchés. La raison pour laquelle conférence Poznan peuvent aussi contribuer encadrer les actions entreprises. Car de telles dérives pourraient ruiner les industriels vertueux qui ont misé sur les investissements durables qui par définition ne seront rentables qu’à plus long terme.